Respecter les normes est-il suffisant ? Une analyse de la conformité aux normes relatives au scellement de conduits.

De nombreuses normes existent pour imposer l’étanchéité des conduits électriques et de communication. Les joints d’étanchéité sont une protection relativement peu coûteuse contre les dommages potentiellement catastrophiques et onéreux sur les câbles et les équipements. Leur fonction principale est de bloquer l’infiltration d’eau, mais aussi de gaz, de feu, de poussière, de nuisibles, et d’autres matériaux susceptibles d’endommager les infrastructures et de causer des interruptions de services. Reste une question importante et pourtant souvent oubliée : ces nomes fournissent-elles des conseils adéquats aux installateurs sur ce qui constitue exactement un joint conforme et fonctionnel ? Cet article explore la différence entre les bonnes pratiques et le rôle vital du respect des normes.

Ce que disent les normes :

L’infographie dont le lien se trouve ici et qui figure également ci-dessous illustre la nécessité du scellement des conduits et énumère différentes normes applicables. Intéressons-nous au langage à travers un échantillon de normes des secteurs de l’électricité et des communications de par le monde :

NEC 225.27 Joint de chemins de câbles :

« Lorsqu’un chemin de câbles entre dans un bâtiment ou une structure depuis l’extérieur, il doit être scellé. Les chemins de câbles de rechange ou non utilisés doivent aussi être scellés. Les produits d’étanchéité doivent être approuvés pour une utilisation avec l’isolation de câbles, l’isolation de conducteurs, les conducteurs nus, le blindage ou d’autres composants. »

NEC 230.8 Joint de chemins de câbles :

« Lorsqu’un chemin de câbles entre dans un bâtiment ou une structure depuis un système de distribution souterrain, il doit être scellé conformément à la sous-section 300.5(G). Les chemins de câbles de rechange ou non utilisés doivent aussi être scellés. Les produits d’étanchéité doivent être approuvés pour une utilisation avec l’isolation de câbles, le blindage ou d’autres composants. »

NEC 300.5 (D)) G) Joints de chemins de câbles :

« Les conduits ou chemins de câbles dans lesquels l’humidité est susceptible d’entrer en contact avec des éléments sous tension doivent être scellés ou bouchés à l’une ou aux deux extrémités. Les chemins de câbles de rechange ou non utilisés doivent aussi être scellés. Les produits d’étanchéité doivent être approuvés pour une utilisation avec l’isolation de câbles, l’isolation de conducteurs, les conducteurs nus, le blindage ou d’autres composants. »

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NEC 300.7 (A) Étanchéité :

« Lorsque des portions d’un chemin de câbles ou d’un manchon sont exposées à des différences de températures, comme dans les zones d’entreposage frigorifique des bâtiments ou lors du passage de l’intérieur à l’extérieur d’un bâtiment, le chemin de câbles ou le manchon doit être rempli d’un matériau approuvé pour empêcher la circulation d’air chaud vers une section plus froide du chemin de câbles ou du manchon. Un joint antidéflagrant n’est pas requis dans ce cadre. »

NEC 300.50 (F) Joint de chemins de câbles :

« Lorsqu’un chemin de câbles entre dans un bâtiment à partir d’un système souterrain, l’extrémité à l’intérieur du bâtiment doit être scellée avec un composé approuvé afin d’empêcher toute infiltration d’humidité ou de gaz, ou elle doit être agencée de manière à empêcher l’humidité d’entrer en contact avec les parties sous tension. »

NEC 501.15 (B)(2) Joints pour conduits, Classe 1 Division 2 :

« Un joint de conduit peut-être requis pour chaque conduit quittant un emplacement de classe 1, division 2… et doit être conçu et installé pour minimiser la quantité de gaz ou de vapeur dans la partie du conduit installé à l’endroit de la Division 2… Il n’est pas nécessaire que ce joint soit antidéflagrant… »

NESC 322 (b)(4) :

« La partie d’un conduit installée à travers un mur extérieur de bâtiment, un sol ou un toit doit disposer de joints internes et externes au point d’entrée du bâtiment, afin de limiter la probabilité d’infiltration de gaz dans le bâtiment. L’utilisation de joints peut être complétée par des dispositifs d’évacuation des gaz afin de minimiser l’accumulation de pressions de gaz positives dans le conduit. »

ITU Rec. ITU-T L.92 :

« … …sceller les extrémités des tuyaux en plastique (au niveau des regards/fosses de notre infrastructure souterraine) avec de la mousse de remplissage. Les installations d’usine en extérieur sont aussi endommagées par les inondations. L’eau peut pénétrer dans les regards de maintenance, les puits de raccordement et les tunnels de câblage et provoquer l’endommagement des équipements de télécommunication. Par conséquent, les regards de maintenance et les puits de raccordement doivent être étanches. Les câbles entrant ou sortant d’un regard de maintenance ou d’un puits de raccordement doivent être scellés. »

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ITU Rec. ITU-T L.162 :

« Il est obligatoire d’utiliser des éléments d’étanchéité de tuyau/microconduit (joint entre tuyau et microconduits), pour assurer… l’étanchéité contre l’entrée des liquides et des gaz …pour protéger la ramification des microconduits. Le microcâble doit être scellé au microconduit à la fois dans la chambre à câbles adjacente au bâtiment et à l’intérieur du bâtiment. L’installation de microconduits vides (de réserve) ne contenant pas de microcâbles doit également être scellée dans la chambre à câbles et à l’intérieur du bâtiment. »

TIA-758-B Norme 5.1.1.2.8 :

« Les conduits doivent être scellés pour résister à une infiltration liquide ou gazeuse au niveau de tous les accès de maintenance et points d’entrée du bâtiment. »

TIA-758-B Norme 5.4.2.3 :

« Tous les conduits doivent être bouchés pour résister à une infiltration de gaz, d’eau et de vermines. »

BICSI-TDMM :

« Sceller tous les conduits souterrains pour éviter les infiltrations de liquide ou de gaz dans un bâtiment ou d’autres MH via les canalisations multitubulaires. »

DIN 18322:2019-09 3.7.2 :

« Les entrées au niveau du câble et du conduit doivent être hermétiquement scellées afin d’être étanches à l’eau et au gaz. »

DIN 18322:2019-09 4.2.6 :

« Scellement des conduits après la pose des câbles, etc. »

CEC Règle J18-108 :

« … requiert que les joints de conduits soient installés dans les systèmes de conduit où… »

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Ce que les normes ne disent pas

Les normes offrent essentiellement des spécifications matérielles ; elles présupposent que les conduits soient scellés avec un matériau. Mais elles ne précisent pas quel matériau utiliser. Une seule exige l’utilisation d’un « remplissage en mousse ». Mais elle ne précise pas quelle mousse doit être utilisée parmi une infinité de variations possibles (p. ex. : cellules ouvertes, cellules fermées, à base d’uréthane, à base de résine époxy, etc.). Les autres laissent généralement le choix du matériau à la discrétion de l’utilisateur. Cela permet non seulement l’utilisation de n’importe quel type de mousse, mais également d’autres produits chimiques, tel que le mastic pour conduit. Cela permet également l’utilisation de matériaux non chimiques tels que les joints mécaniques. Même un vieux chiffon pourrait être considéré comme conforme. Parfois les choix peuvent avoir des conséquences coûteuses.

Un ouvrier bouche un conduit dans un local électrique

Spécifications sur les matériaux vs spécifications sur les performances

Rares sont les normes, en particulier celles à propos des joints mécaniques pour l’eau ou le gaz, qui s’intéressent aux performances. Hormis quelques-unes exigeant que le produit d’étanchéité « soit identifié pour une utilisation avec » des conduits et des câbles, en d’autres termes qu’il soit « compatible », elles n’énumèrent aucun critère de test ou de performance à respecter. Elles n’établissent pas de seuil quantitatif ou de limite temporelle pour la performance des joints. Par exemple, elles n’indiquent pas le niveau de résistance à la pression hydrostatique, à quelle pression de gaz en bars un joint doit résister. Elles ne font référence à aucune norme (p. ex., ASTM, IEEE, UL, CSA) ou autres tests à suivre.

Quels problèmes cela peut-il causer ?

Des problèmes peuvent survenir lorsque les installateurs utilisent des produits d’étanchéité bon marché et facilement disponibles qui semblent respecter une norme en vigueur, mais qui, dans la pratique, ne constituent pas des joints efficaces ou durables adaptés aux circonstances. Le plus courant est l’utilisation de mastic pour conduits ou de mousses en aérosol monocomposant provenant de magasins de bricolage. Le mastic pour conduits s’affaisse avec le temps, ce qui le rend inadapté comme solution à long terme. Les mousses à cellules ouvertes sont polyvalentes mais pas très étanches à l’eau ou à l’air. Un joint qui passe l’inspection pour faillir peu de temps après – ou plus tard lorsque la crise est imminente – n’est pas vraiment un joint. Les coûts liés à la défaillance d’un joint ne se limitent souvent pas seulement aux câbles, aux appareils électriques et aux équipements de télécommunication endommagés ; ils s’étendent également aux interruptions de service qui en résultent.

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Quelle est la solution ?

Polywater AFT scellant un conduit de fibre optiqueLe fait que les normes exigent que les entrées de conduits soient scellées est essentiel. Mais des directives supplémentaires sont nécessaires pour garantir des scellements efficaces, car le simple fait de respecter une norme ne garantit pas qu’un joint protégera les actifs précieux de l’eau, du gaz, des rongeurs, de la saleté ou du feu. Beaucoup d’installateurs (et d’inspecteurs) ne sont pas conscients des insuffisances du mastic pour conduit et des mousses à cellules ouvertes. Ils se dirigent naturellement vers les produits les moins chers et les plus simples, pensant qu’ils respectent les normes.

La solution réside dans des spécifications basées sur les performances dans la conception du système et des bonnes pratiques. Les concepteurs et les ingénieurs doivent analyser les risques situationnels et établir des critères de performance pour une intégrité efficace des joints. Les joints d’étanchéité doivent provenir de fabricants réputés proposant des produits développés, testés et évalués spécifiquement pour les conduits. La sélection d’un joint de conduit doit être un processus éclairé basé sur le profil de risque de l’application et les spécifications techniques éprouvées du joint chimique ou mécanique.

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